Manu CHAO

4 étoilesClandestino
3,5 étoilesEsperanza
4,5 étoilesLa Radiolina

Manu CHAO
-
Clandestino

4 étoiles
Manu CHAO - Clandestino

World Music

Chronique publiée en Janvier 2022


Après la fin de l'aventure Mano Negra, Manu Chao réalise de nombreux voyages à travers le monde et fait de multiples rencontres qui vont notamment influencer son style musical pour la suite de sa carrière solo... Et apparemment, le style en question a dû pas mal tanguer lors de la genèse de son album "Clandestino"...
De son aveu même, le chanteur s'était orienté vers la "techno hardcore" pour élaborer sa nouvelle création... Et c'est l'intervention d'un bug informatique qui va changer le destin du disque, lequel sera finalement baigné d'une atmosphère très apaisée, orientée vers des mélodies à la frontière des rythmes latino, de la World Music ou encore du reggae...
On peut noter également que quatre langues seront utilisées dans les chansons (Espagnol, Français, Anglais et Portugais), ce qui reflète très bien la grande diversité des origines de l'album.

Lorsque j'ai découvert "Clandestino", on était en plein dans sa campagne promotionnelle, de plateaux télé en studios radio... A vrai dire, je ne m'y suis pas du tout intéressé à l'époque : c'était trop loin des genres que j'écoutais traditionnellement, trop dépouillé, pas percutant...
Mais heureusement, il y a le partage : connaissances, amis, rencontres, soirées, voyages... En fait, c'est assez simple : il est progressivement devenu impossible de passer à côté de ce disque, qui se transformait littéralement en un véritable phénomène...
Aujourd'hui, je pense qu'une majorité de la population (mondiale ?) le connait parfaitement : c'est quasi impensable que quelqu'un y ait échappé. Il fait pour ainsi dire partie du patrimoine intemporel de tous les peuples...

Le trio d'entame de l'album est un régal, ni plus ni moins. On se sent tout de suite immergé, baigné d'une ambiance amicale et mis en confiance pour toute la suite... Et ce malgré la gravité de certains thèmes...
Le premier titre, "Clandestino", illustre une vie anonyme, sans papier, sans identité, où l'individu s'efface devant son statut de clandestin...
Le deuxième, "Desaparecido", peut faire écho au premier mais fait également allusion à la situation personnelle de l'artiste lors de ses longs voyages loin de tout.
Enfin le troisième, "Bongo Bong" (reprise d'un titre de la Mano Negra) débute par la signature musicale désormais universelle de Manu Chao. Cette petite note vibrante qui se répète en leitmotiv et parfait le charme de la mélodie. On la retrouvera de nombreuses fois, dans cet album ou dans le suivant. Un symbole clé de sa musique.
"Bongo Bong", avec son accent anglais à couper au couteau, enchaine avec "Je ne t'aime plus" dans une continuité bien vue, cette fois-ci en français, offrant finalement une quatrième place sur le podium de départ...

Tous ces morceaux, simples mais aussi terriblement marquants, sont aujourd'hui devenus des classiques immédiatement identifiables.

Le reste de l'album s'inscrira dans la lignée. Certains passages sont moins réussis que d'autres, mais on se sent toujours profondément lié à toutes les compositions lorsqu'on les écoute.
On croisera autant un autre classique ("Mentira"), que des passages plus intimes ("Mama Call" ou "Welcome to Tijuana"), ou encore que des moments plus énergiques ("Luna y Sol" ou "Malegria").
Les minutes passent et on reste captivé... On ne peut que reconnaitre que le pouvoir de séduction du disque est absolument étonnant. C'est quelque chose de très troublant : la sobriété des morceaux s'associe aux notes brillamment choisies et à l'émouvante interprétation pour donner un environnement séduisant qui touche l'auditeur en plein coeur.

L'album ne fonctionne néanmoins jamais aussi bien que lorsqu'il est écouté à plusieurs... Il n'en devient que plus attractif. Les oreilles se redressent, les sourires se dessinent... C'est toujours fascinant de constater à quel point il parvient à rallumer l'étincelle intérieure à chaque fois...
Petit clin d'oeil à "Minha Galera" en fin de disque. Galera signifie un groupe d'amis en brésilien (portugais)... Et oui, quelques sonorités tout en retenue provoquent un bien fou à l'ensemble de la troupe... Effet garanti !

Manu Chao donne ici naissance à un immense moment de 46 min de plages musicales indissociables, que le monde entier s'est depuis complètement approprié.
L'artiste lui-même était loin de s'imaginer que le disque allait fonctionner aussi bien... Un disque qui était alors conçu comme un testament, un dernier message comme une thérapie personnelle, dans une totale liberté créatrice et sans aucune pression de devoir plaire...
Pourtant, l'album connaîtra un succès monstre. "Clandestino" reste encore aujourd'hui son grand classique, terriblement attachant. Il sera suivi d'un petit frère, "Proxima Estacion Esperanza", puis de "La Radiolina" où on passera à quelque chose de plus Rock et moins dépouillé pour une réussite de grande classe...

TRACK LIST

  • 01. Clandestino
  • 02. Desaparecido
  • 03. Bongo Bong
  • 04. Je ne t'aime plus
  • 05. Mentira...
  • 06. Lágrimas de oro
  • 07. Mama Call
  • 08. Luna y sol
  • 09. Por el suelo
  • 10. Welcome to Tijuana
  • 11. Día luna... Día pena
  • 12. Malegría
  • 13. La vie à 2
  • 14. Minha galera
  • 15. La despedida
  • 16. El viento