« Brothers In Arms », c'est d'abord une Image, qu'on partage tous collectivement : une pochette iconique de chez iconique... Avec cette guitare National dans les nuages, qui est encore dans la mémoire de toute une génération (ou plus)...
Et puis « Brothers In Arms », c'est aussi le premier album à véritablement populariser le format CD (qui a tout changé pour moi, avec le Flac)... Et c'est enfin l'un des disques les plus vendus de l'histoire, avec environ 30 millions d'exemplaires écoulés... Rien que ça !
Mais à mon avis, ce succès colossal est un peu curieux... Les planètes étaient-elles parfaitement alignées ? Était-ce bien mérité ? Est-ce surtout la conséquence des nombreux tubes présents dans cet opus ?
D'ailleurs, les chroniques disponibles aujourd'hui, donc avec du recul par rapport à la sortie de 1985, sont plutôt mitigées... Et... Je fais partie des mitigés...
Sur Forces Parallèles par exemple, c'est moitié positif, moitié négatif... Ou alors encore, c'est élogieux sur Rock Fever, mais assez critique sur Les Eternels... Bref... Une seule solution : écoutez et forgez-vous votre propre avis !
De mon côté, je suis quand même interloqué de voir cités par-ci par-là "Why Worry" ou "Ride Accross The River" comme les meilleurs titres de l'album... car je ne suis jamais vraiment rentré dans ces morceaux. Peut-être une question de circonstances... Surtout une question de goûts personnels... Comme quoi, la diversité des opinions est décidément redoutablement diversifiée...
Mais venons-en au fait : l'album est séparé en deux parties, plus une parfaite conclusion. Sur les 4 premiers morceaux, on a une partition presque Nickel... Et par contre sur les 4 suivants, quelque chose de notoirement plus faible... Avant donc un incroyable épilogue.
"So Far Away" commence... Intro réussie... Clin d'oeil aux sonorités de « Communiqué »... Tout en maitrise, très agréable ! Il manque juste une petite touche de peps...
Et après... On a la triplette de légende...
"Money For Nothing" arrive avec son riff de guitare totalement légendaire et avec son rendu sonore particulièrement mythique... On l'a tous écouté des milliers de fois, mais il produit toujours son effet ! Une décharge imparable d'électricité brute, domptée par le maitre Mark Knopfler... Un super morceau ayant jalonné l'histoire du Rock !
Dans la foulée, on a le non moins immensément célèbre "Walk Of Life"... qu'on a tous, lui aussi, entendu des milliers de fois et qu'on réécoute lui aussi avec plaisir... Bon, lui par contre, c'est clair qu'il a beaucoup souffert du temps qui passe... Avec ce son des années 80... Et puis, ces "whoo ouhoo"... Ben ouais, y en a trop, beaucoup trop... Enfin quand même, se replonger dans ce joyeux lead de synthé, faut bien dire que ça donne le sourire...
Enfin, j'adore "Your Latest Trick"... Plus jazzy, plus recherchée... Le Saxo prend les choses en main et conduit à un enchainement d'éléments simples et harmonieux qui nous plonge dans une torpeur charmeuse d'une grande classe...
Est-ce alors avec ce super quatuor d'entrée que le disque a acquis un tel aura et a atteint de tels scores de vente ? En grande partie, sans doute...
Sauf que... les 4 morceaux suivants, à mon avis, sont très, très loin du niveau...
A la première écoute de "Why Worry", je m'étais dit qu'elle était faite pour que je m'y attache, sur la durée... Mais... Non... Il manque quelque chose... Oui, il y a de bons ingrédients, mais on aurait besoin du truc en plus qui apporte cette différence venant discrètement transcender le tout. C'est d'autant plus criant que le morceau est très long... Et finalement, l'ensemble reste trop plat...
J'ai exactement ce même commentaire sur "Ride Accross The River" : elle porte dans ses gènes ce qu'il faut pour l'emmener très haut... Mais, là aussi : non... Pas mal, OK, mais il manque décidément le petit exhausteur...
Si vous aimez ce type de son, je vous recommande l'écoute comparative de l'album « Communiqué » : avec moins de tubes, mais avec un rendu global beaucoup plus intelligent dans son ensemble, sans aucun doute...
Reste "The Man's Too Strong" et "One World", le premier avec sa belle intro acoustique et ses coups rageurs, le deuxième avec sa super ligne de basse... Le tout en manque cruel de l'étincelle qui transforme le "normal" en une proposition remarquable...
Et donc... Au bout de ces 4 morceaux-là, on écoute encore, oui... Mais on se retrouve aussi avec un sacré précipice dans la qualité de l'album...
Enfin, Heureusement, le disque termine par "Brothers In Arms"... Immense chef d'oeuvre parmi les chefs d'oeuvre... Sur le thème de la guerre, ayant déjà marqué quelques morceaux de cet album, et ici avec l'histoire de deux soldats ennemis amenés à mourir ensemble...
Une création plus calme, et pourtant d'une incroyable envergure... La voix de Mark Knopfler se fond dans la majesté des accords et des accompagnements... La puissante sensibilité du morceau nous envahit immanquablement et nous fait ressentir au plus profond de nous-mêmes le drame en cours... L'ensemble imprègne sa titanesque mélancolie, tout en préservant sa richesse musicale... Un moment d'exception, intégral et essentiel...
Au final, je me dois d'être sincère avec moi-même : je me suis même demandé objectivement si l'album avait sa place sur ce site. Son passage à vide fait que je l'écoute assez rarement... Reste que chacun aura son avis en fonction de sa sensibilité... Sans compter que cet opus contient son lot de petites perles, dont son dernier morceau : un instant hors du temps, tout simplement exceptionnel...
L'album suivant, « On Every Street », sera finalement le testament de Dire Straits, juste avant la séparation du groupe. Il est également très agréable : même si ce n'est pas un indispensable, je vous en recommande l'écoute !