Inspirés par la vague montante du Post-Rock gravitant autour de l'année 2000 (notamment Godspeed You! Black Emperor ou encore Mogwai), les japonais de Mono sortent en 2004 leur troisième album, « Walking Cloud And Deep Red Sky Flag Fluttered And The Sun Shined ». Leur style continue ici à s'affirmer, sans pour autant se différencier nettement de leurs illustres prédécesseurs.
L'enregistrement se fait en "Live Studio" (comme tous leurs albums, il me semble ?), ce qui apporte une belle intensité ainsi qu'un côté immédiatement attrayant... mais aussi un certain manque de détails sonores donnant parfois une petite impression de fouillis...
La première piste, "16.12", est une construction typique du groupe, qui donne ici le "la" du disque...
Un peu d'harmonica sur fond sonore, des notes hésitantes rejointes par un couple guitare - cymbales, puis par des percussions naissantes pour lier le tout... jusqu'à ce que le lead de guitare caractéristique de Mono prenne les choses en main, et que finalement tout s'accélère...
Un beau développement, bien ficelé... Un thème principal prenant, répété avec de petites variations... Une puissance Rock évidente doublée d'un côté épique naturel... pour finalement terminer sur une lente évaporation du morceau... Bref... Mono est en forme, et ça s'entend !
Après... Pour les oreilles curieuses... On ne peut que s'apercevoir que "Moya", de Godspeed You! Black Emperor, n'est clairement pas loin... et constitue même probablement une des sources d'inspiration de "16.12". C'est d'ailleurs tant mieux : l'histoire de la musique se nourrit de partout, c'est ce qui en fait toute la richesse. Mais comme les deux sont proches, on ne peut s'empêcher de les comparer directement... et là, autant le morceau de Mono est réussi, autant "Moya", c'est un tout autre niveau : c'est simplement La Classe !
Le passage suivant, "Mere Your Pathetic Light", dévoile la structure de l'album, une structure en fait un peu stéréotypée : on se rend compte que chaque titre bien appuyé sera suivi d'une piste d'accalmie réparatrice. Tous ces instants d'apaisement mélancoliques sont plutôt agréables, sans fausse note mais sans être mémorables non plus...
On en vient alors au titre majeur de cet opus, "Halcyon (Beautiful Days)", magnifique de bout en bout, avec une exécution nickel et une superbe mélodie...
Les sonorités japonisantes, ainsi que la symbiose entre les cordes et la guitare qui fourmille, fait qu'on se retrouve tout de suite projeté au sein du pays du Soleil Levant...
Puis en son milieu survient un tsunami sonore... Un mur du son dantesque duquel émerge une torpille portant sur ses épaules le motif musical principal... On est illuminé par l'atmosphère d'une incroyable force et par la certitude de faire partie d'une aventure d'une extraordinaire énergie, où la sérénité reste pourtant de mise et s'impose comme une évidence...
Le dernier gros marqueur de l'album, "Lost Snow" (d'une durée de 15 min !), est une autre composition caractéristique de Mono. On tourne autour d'une idée maîtresse en l'enrichissant progressivement pour lui donner corps et intensité, jusqu'à l'union saturante et effrayante des instruments... Un moment permettant de dynamiter la scène dans une espèce de chevauchée guerrière au sein des abîmes...
"A Thousand Paper Cranes" conclut ce disque avec un clin d'oeil : le disque était effectivement à l'origine livré avec un origami en forme de crâne...
Et alors que s'évanouissent les dernières notes de ce millier de crânes en papier, j'avoue quand même avoir un peu de mal à m'enthousiasmer totalement pour cet opus.... Un phénomène touchant d'ailleurs souvent les réalisations de Mono... Nul doute que le tout est bien construit, avec des passages superbes... Nul doute que ça fait franchement plaisir de les retrouver de temps en temps sur la platine... Mais on n'atteint pas non plus les sommets du genre : il manque la touche créative additionnelle qui consacrerait définitivement le tout...
Quoi qu'il en soit, si vous aimez le Post-Rock, vous pouvez facilement vous laisser embarquer pour le voyage... Vous passerez forcément un bon moment...