Eric SERRA

3,5 étoilesLe Grand Bleu

Eric SERRA
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Le Grand Bleu

3,5 étoiles
Eric SERRA - Le Grand Bleu

Electronique - Ambient

Chronique publiée en Octobre 2024


« Le Grand Bleu », c'est d'abord bien sûr ce film ayant marqué toute une génération, au début de l'aventure Luc Besson... Une oeuvre au pouvoir magnétique indéniable, racontant une histoire d'amitié et de rivalité entre deux apnéistes, constamment amenés à se dépasser dans leur odyssée vers les grands fonds... le tout comportant son lot de séquences mémorables, notamment liées à ses personnages atypiques, attachants et aux traits de caractère poussés à l'extrême...
C'est Eric Serra, le compositeur attitré de Besson, qui se charge de magnifier les images par une création musicale reflétant parfaitement les différents passages cinématographiques. Sans véritablement proposer de morceau d'anthologie, Serra engendre pourtant un disque plein, cohérent et totalement représentatif de son sujet... Un album qu'on peut se repasser à loisir et qui se charge de faire réapparaître immédiatement tous ces instants clés avec un immense plaisir !

Alors, naturellement, cette bande originale du « Grand Bleu », c'est en premier lieu cette magnifique "Overture", restée célèbre encore aujourd'hui, qui illustre les plans de Besson où la mer défile, où le soleil se reflète et où les paysages se dessinent dans une Grèce qui marque le point de départ de l'histoire. L'utilisation des chants de baleine retravaillés et se fondant dans la musique constitue le point de référence évident de tout le morceau... un morceau très calme, très apaisant, tout en étant doté d'une puissance immédiatement palpable, comme une mer d'huile qui cache sa force sous-jacente...
La deuxième partie de cette "Overture" vient présenter le tout jeune Jacques Mayol... un super passage symbolisant le besoin de découverte et les premiers pas joueurs d'un enfant amené à vivre une histoire exceptionnelle...
"Deep Blue Dream" reste dans la continuité... Serra excelle à reproduire une atmosphère marine d'une grande pureté et d'une grande délicatesse...
Et cette BO bascule dans la diversité avec "Rescue in a Wreck", prouesse de sauvetage dans une épave avec Enzo à la manoeuvre... On y ressent les risques, la maîtrise, la volonté, la réussite... Le crescendo tenu pendant tout le morceau fait qu'on s'y croirait vraiment...

Cette première partie d'album très réussie se termine par "La Raya", où on quitte la mer pour Les Andes, théâtre improbable d'une première rencontre... Un air une fois de plus parfaitement approprié, qui sera suivi du contemplatif "Huacracocha", puis plus tard d'un rappel élégant et profond dans "Remember a Heart Beat"...

Le milieu du disque nous remémore quelques scènes culte... Forcément, on se souvient du sauvetage in extremis d'Enzo par Johana dans "Spaghetti del Mar", face à la Mama, un autre personnage poussé à l'extrême...
Et bien sûr "Let Them Try" incarne Enzo dans toute sa splendeur... Une composition qui colle merveilleusement au personnage, pleine de grandiloquences, de rythmes, de rebondissements, de désinvoltures... Bref, du grand Enzo, en route vers un nouveau titre mondial et mettant la concurrence en déroute...
Enfin, retour sous l'eau avec "Synchronised Instant" et "Homo Delphinus". Sonorités aquatiques, atmosphères de découverte, instants épurés... Autant de représentations d'une beauté fragile et merveilleuse, mais qui se double clairement du côté angoissant à évoluer sous la surface... La mélancolie s'installe, l'esprit voyage et finit par s'évader de la réalité qui l'entoure...

La dernière partie de l'album révèle de magnifiques moments... Même si la tristesse domine...
"Much Better Down There" se dévoile en même temps qu'Enzo disparait... Une mélodie très simple... si simple... et pourtant une intensité dramatique d'une incroyable profondeur, avec ses notes hyper touchantes en forme de dernier hommage...
Ultime plongée sur "Leaving the World Behind"... un départ définitif, comme un besoin irrésistible et déchirant... Les notes s'impriment alors que l'épopée se termine... Une espèce de schizophrénie, entre bien être étrange et quête de l'impossible... Finalement, au milieu de ce flot d'émotions qui s'unissent et se contredisent, Jacques finit par lâcher prise et disparaît dans les abysses...

Le générique final est assuré par "My Lady Blue", une des rares fois où on entend Eric Serra chanter... Un très beau moment, intense, lyrique et apaisé pour sortir par le haut d'une bande originale et d'un film pas comme les autres... Une chanson permettant de laisser derrière nous l'histoire, les personnages, les joies, l'aventure, les craintes, la mélancolie, la tristesse...
Une élégante conclusion pour un recueil atypique et surprenant, qui a offert une idéale partition à une histoire baroque restée dans toutes les mémoires...

TRACK LIST

  • 01. The Big Blue Overture
  • 02. Deep Blue Dream
  • 03. Sailing to Death
  • 04. Rescue in a Wreck
  • 05. La Raya
  • 06. Huacracocha
  • 07. Water Works
  • 08. Between the Sky-Scrapers
  • 09. Remembering a Heart Beat
  • 10. Spaghetti Del Mar
  • 11. Let Them Try
  • 12. Synchronised Instant
  • 13. Homo Delphinus
  • 14. The Monastery of Amorgós
  • 15. Much Better Down There
  • 16. Cruise of the Dolphin Tribe
  • 17. Second Dive
  • 18. Leaving the World Behind
  • 19. My Lady Blue