« Even In The Quietest Moments » est le 5ème album de Supertramp, tout en étant aussi le second à être historiquement un peu coincé entre leur chef d'oeuvre, « Crime Of The Century » et leur plus gros succès commercial, « Breakfast In America ».
Fruit d'un travail équilibré entre les deux leaders du groupe, Roger Hodgson et Rick Davies, il présente une qualité d'ensemble évidente et il rencontrera un succès logique à sa sortie, en 1977.
A noter, pour la petite histoire, que la pochette du disque, un piano à queue couvert de neige avec une chaine montagneuse en arrière-plan, n'est pas un montage, mais une photo bien réelle, prise à proximité du studio d'enregistrement.
Cet opus est globalement divisé en trois parties : la célèbre chanson d'introduction, suivie de trois autres pistes beaucoup plus calmes et enfin des trois dernières, nettement plus spectaculaires.
"Give A Little Bit" lance le disque de manière imparable... C'est le single de l'album... Un des grands classiques du groupe, immensément connu, immédiatement reconnaissable... Et surtout une réussite, dynamique et accrocheuse.
On a même affaire à une petite bombe pop à la construction impeccable, qui monte jusqu'à son passage de plus grande intensité avec choeurs qui s'élèvent et solo de saxo... Avant de très progressivement entamer son élégante redescente...
Un bon coup de peps d'entrée de jeu... Même si on constatera que ce titre n'est en fait pas vraiment représentatif du reste des chansons, beaucoup plus posées et apaisées...
Car le disque bascule effectivement dans sa deuxième phase, la plus criticable de l'album, avec l'enchainement de "Lover Boy", "Even In The Quietest Moments" et "Downstream".
Les trois ont une construction et une atmosphère relativement similaires. "Lover Boy" inaugure, avec un long déploiement, lancinant et louvoyant... qui débouchera sur une dernière partie finalisant le thème de manière plus dynamique. "Downstream" est plus intimiste et n'est accompagnée qu'au piano. Elle participe à la douceur de l'album sans être non plus un grand moment.
"Even In The Quietest Moments" est la plus réussie des trois. Plus charmeuse, plus profonde, plus enveloppante... Très, très, belle intro, d'abord bucolique, puis à la flûte, qui débouche sur une narration magnétique avec une tension palpable qui n'en finit pas de s'accentuer... Mais je pense que la fin aurait mérité mieux malgré tout...
L'album engage alors son dernier cycle, le meilleur, en proposant ses trois derniers morceaux, tous très accomplis.
"Babaji" initie la trilogie. Là encore, l'intro est véritablement magnifique. Accompagnée au piano, la voix troublante et saisissante d'Hodgson se drape dans les nappes musicales jusqu'à nous faire frissonner... Le titre attrape alors un rythme soutenu qui conduira notamment à une partition vocale poignante et impressionnante de maîtrise. Le tout faisant passer l'album dans une autre dimension...
Retour à la sérénité avec "From Now"... Un long développement, touchant, d'une admirable finesse... Et dont les nombreuses recherches autour du thème principal aboutissent à une dernière partie lumineuse, répandant une forme de joie communicative grâcieuse et délicate...
Enfin, "Fool's Overture" vient refermer la partition. C'est une chanson fleuve de 11 minutes, avec des passages très variés... Une alternance d'instants très paisibles et d'épisodes plus percutants, avec une partie chantée une fois de plus tout à fait marquante... C'est une très belle conclusion qui s'apprivoise sur la durée...
En définitive, Supertramp délivre ici un bien beau disque, apaisé et attachant. Malgré une partie un peu plus faible vers le début, le rendu final se démarque par sa cohésion remarquable, tout en harmonie... Le genre d'album particulièrement agréable, sur lequel on revient régulièrement goûter au charme de la délicatesse...