AIR

4 étoilesMoon Safari
5 étoilesThe Virgin Suicides
4,5 étoilesTalkie Walkie
3,5 étoilesPocket Symphony
3 étoilesLove 2

AIR
-
The Virgin Suicides

5 étoiles
AIR - The Virgin Suicides

Electronique - Ambient

Chronique publiée en Avril 2021


En 1998, le groupe Air sort son premier album, "Moon Safari", qui va immédiatement lui apporter la consécration au niveau international, et qui tape dans l’œil de Sofia Coppola. La jeune réalisatrice souhaite utiliser le disque pour la musique de son premier long métrage, "The Virgin Suicides".
Les deux musiciens de Air lui proposent néanmoins de composer une bande originale dédiée… Une idée lumineuse, car la BO résultante est tout simplement exceptionnelle, par son rapport au film, par ses mélodies et surtout par l’atmosphère qu’elle dégage.

Dès la célèbre introduction, "Playground Love", on comprend tout de suite le caractère magnétique de l’album, dont la musique possède cette capacité inattendue de sonder les tréfonds de notre âme.
Le thème se développe tout en délicatesse et en subtilité. Les nappes de synthé enveloppent la voix, en faisant germer une pointe de mystère qui surnage dans l’apparente tranquillité.

Plusieurs échos viennent compléter ce premier passage. Dans "Bathroom Girl", le retour des nappes se produit religieusement, avant de s’ouvrir vers un horizon plus dégagé sur le monde environnant. La mélodie érige plus d’envergure et d’aventure. Elle parvient à projeter un certain espace, mais en prenant soin de garder cette retenue inhérente et troublante.
"The Word 'Hurricane'" déclenche un trait plus rythmé, épique et lyrique, mais qui hésite et qui finalement avorte dans une perspective énigmatique.

En parallèle, d’autres morceaux peuplent le parcours musical d’angoisses et de doutes.
L’inquiétude débute sur "Clouds up" et se poursuit sur "Dark messages" dont le somnambulisme anxiogène reflète un mal-être menaçant… Tandis que "Ghost Song" illustre ouvertement que détresse et danger sont des réalités désormais bien présentes…

"Cemetary Party" matérialise la synthèse de l’inquiétude planante et de l’espérance envisageable, tantôt pesant, tantôt aérien. Le lead des notes plus aigües assiste les sonorités graves, marquant un caractère plus passionné tout en laissant imaginer que des évènements dramatiques se dessinent.

Posté au milieu de l’album, "Dirty Trip" prend véritablement le temps de s’installer. La ligne de basse et les percussions slaloment au milieu des jeux dangereux et de différents projectiles électroniques. Progressivement, mais toujours sur fond d’effroi, les instruments s’unissent pour apporter une conclusion plus profonde, sonnant comme une alerte ou un appel au secours.

Ce début d’album, très réussi dans son appréhension feutrée et ses moments délicatement fébriles, va dévoiler, dans une cohérence envoutante, une fin particulièrement flamboyante.

"Highschool Lover" symbolise un peu à lui tout seul le disque dans son ensemble. Passage iconique et inoubliable, il vous embaume jusqu’à vous perturber de sa justesse et de son enivrante simplicité.
Les quelques notes de clavier distillées vont conduire graduellement à la création d’un nuage musical destiné à vous envahir… Nuage qui va sobrement mettre votre conscience à nu et vous conduire à une introspection profonde et implacable…

Les esprits fantomatiques continuent à vous hanter dans "Empy Thouse", dont les ombres oppressantes avancent sur fond de vent sifflant vers la tragédie qui approche.
"Dead Bodies", de sa singularité rageuse, brise le déroulement de l’album. Face au désespoir et au vertige, s’engage une course en avant inarrêtable, où se déchainent rythmes, percussions et synthés, dans un enchaînement qui retourne l’esprit et aboutit à un état de transe frénétique et endiablée.

La conclusion "Suicide Underground" se fusionne avec un long sample, reflet du film et de sa fin tragique. Majestueux dans son accablante amertume, face à un terrible constat d’impuissance, le morceau referme le disque en nous marquant à jamais de son empreinte indélébile, tourmentée et perturbante…

TRACK LIST

  • 01. Playground Love
  • 02. Clouds Up
  • 03. Bathroom Girl
  • 04. Cemetary Party
  • 05. Dark Messages
  • 06. The Word 'Hurricane'
  • 07. Dirty Trip
  • 08. Highschool Lover
  • 09. Afternoon Sister
  • 10. Ghost Song
  • 11. Empty House
  • 12. Dead Bodies
  • 13. Suicide Underground