D'abord le "Fade in" de "Do The Joy"... Puis... Tout le morceau... Intégrant le fameux vocoder - grand symbole du groupe... Et déjà, on ne peut pas s'y tromper : on a la porte d'entrée idéale pour illustrer « Love 2 », un des derniers albums en date de Air...
Comme son intro, le disque est composé de mélodies légères, agréables, délicates et bien pensées... On est sur une musique électronique Ambient, facile d'accès, où le groupe enchaine les partitions aérées, en créant une ambiance cosy et conviviale.... Mais cela va également de pair avec une atmosphère sachant se parer de mélancolies désabusées, imprégnées d'un certain spleen et d'une forme d'engourdissement léthargique...
Pour rompre la torpeur subtile qui baigne une majorité du disque, on profite de deux passages plus rythmés, stratégiquement placés au tiers et deux tiers de l'album : "Be a Bee" et le plus réussi "Eat My Beat". Ils viennent assaisonner le tout, et repimenter un peu le rythme flegmatique...
A vrai dire, cet opus fonctionne particulièrement bien en fond sonore... Dit comme ça, pas sûr que ce soit très flatteur, mais c'est quand même bien l'image qui vient...
Les idées sont là, le tout fonctionne... Mais il manque quelque chose, un déclic pour nous sortir de la brume, une étincelle pour transcender l'ensemble...
C'est comme si on était sur une forme de retenue, une espèce de somnambulisme qui concerne quasiment tous les morceaux... Citons aussi des sonorités électroniques un peu enfantines ou exprès élémentaires, comme un clin d'oeil au passé ou une certaine nostalgie... Et on obtient un assortiment qui empêche les chansons de devenir éternelles...
Bien sûr, ce rendu est probablement ce que recherchaient les auteurs... Et d'un autre côté, on reste quand même sur un très bon album, aux lumières tamisées et aux teintes en noir et blanc...
Le milieu du disque est clairement le plus riche, avec ses deux meilleurs titres.
"Tropical Disease" est un très beau mélange, proposant un habile agencement aux nombreux détails musicaux. Il présente une sensibilité évidente, avec une deuxième partie intime et charmeuse, comme un passage de séduction...
"Heaven's Light" apparait dans la foulée, avec le même travail fouillé, mais en plus apaisé. Un morceau qui nous enveloppe d'un espoir bienveillant et nous emmène collectivement vers la douce lumière du bout de la route... Comme un guide fraternel avec son chant complice et sa température à l'étouffée...
Dernier coup de projecteur pour "African Velvet", l'idéale conclusion... Effectivement : un petit velours sur fond d'inspiration cosmopolite lointaine...
Malgré ses défauts, « Love 2 » reste au final une belle proposition des deux Versaillais... En fait, la dernière marquante pour moi, car je ne suis pas fan de leur dernier disque « Le Voyage dans la Lune », même si l'idée de départ était sympa.
L'album, sorti en 2009, il y a 14 ans déjà, a un côté qui sonne aussi malheureusement un peu comme une fin de parcours... Mais bon, sauf erreur, la carrière de Air est toujours en cours aujourd'hui et on aura donc peut être droit à un retour un de ces jours...
Quoiqu'il en soit, qu'il représente ou non la fin d'une aventure exceptionnelle, c'est un album homogène, à l'ambiance feutrée, à la discrétion grâcieuse... Ça serait bien dommage de passer à côté !