Après une révélation sur un 1er album gorgé d’atmosphères et un 2ème opus de feu (oui, de feu !), les New-Yorkais d’Interpol ressortent les costards pour un 3ème essai réussi d’affilé… Dont le maître mot, ici, est : "efficacité".
Groupe de Rock pur jus, modernes et hyper doués, ils sont ici encore en pleine phase ascensionnelle… Sauf qu’il s’agira en fait, à mon avis, de leur dernière grande proposition. Les albums suivants comportent certes leur part de punch, mais n’arriveront pas dans leur globalité à atteindre l’impressionnant niveau des débuts.
Dès l’intro "Pioneer to the Falls", aucun doute… C’est bien eux… Ils surfent sur leur inspiration et en font profiter à plein une planète Rock 2007 qui en a bien, bien, besoin. Le morceau, initié dans le calme puis poussé au décollage, est une véritable invitation à découvrir la suite… une suite qui ne le trahira pas !
"No I in Threesome" lance véritablement le disque. Le moteur d’Interpol ronfle à nouveau avec tous ses ingrédients caractéristiques. On embarque pour un voyage crescendo sur les petites routes tout d’abord, puis sur les voies élargies… Avant de finir sur circuit… C’est clair qu’ils sont bien là pour dépoter, mais avec cet art de varier les rythmes qui donne tout l’élan à leurs créations.
Le style d’Interpol est une vraie bouffée d’oxygène pour notre époque électronisée à outrance… On est là sur les instruments fondamentaux du Rock, avec un son travaillé mais malgré tout très brut… Et avec peu de claviers. Les compositions sont millimétrées, la guitare s’affirme tout en sachant n’accompagner que ce qu’il faut. La batterie est ultra précise… Et la voix est posée avec une facilité franchement déconcertante…
L’ensemble donne des compositions Rock "Pur", avec une sonorité volontairement un peu froide, d’une élégance marquée et d’une efficacité redoutable.
Et qu’est-ce que ça fonctionne bien…
"The Henrich Maneuver", clin d’œil à la côté Ouest, en est la preuve immédiate. Collectif, rythme percutant et percussions ciselées… Et… Ouais… On s’identifie très vite !... Allez, petite gueulante : "Yeah Today My Heart Swings ! Say It ! Let it Come ! "
Les complices s’éclatent et nous embringuent... Les morceaux s’enchainent : "Mammoth", "All Fired Up", "Who Do You Think"… Les rythmes continuent leurs alternances… La tension est toujours en embuscade, entre ambiance pesante et ligne intraitable.
Passages plus calmes, accélérations, conclusions condensées, un coup de guitare plus aigüe par ci, immense énergie par là… On en prend plein la figure et on s’imprègne totalement du Crépitement du Rock…
Une petite balade louvoyante, "Pace is the Trick", nous offre un petit break, plus axé mélodie… Sauf qu’avec des artistes qui s’entendent comme larrons en foire et qui bûchent à fond, on maintient continuellement la pression et on insiste dans la recherche des compos… Qu’est-ce que ça turbine…
C’est alors que ça tourne à la démonstration… "The Scale" et "Rest My Chemistry", qui se répondent à merveille dans le disque, se révèlent comme des instants de grâce monolithique…
C’est presque trop facile… C’est en réalité remarquable de se prendre une telle gifle provenant d’une simplicité qui n’est finalement qu’apparente…
Ça claque grave… On est soufflé par la charge… Pas de remplissage superflu de l’espace sonore, mais un gros son épuré et ravageur, entre le char d’assaut et le rouleau compresseur…
C’est l’essentiel bien concentré qui prend aux tripes, autant qu’il montre l’évidence de leur réussite et de leur immense classe qui éclabousse tout…
"Wrecking ball" arrive en conclusion de l’album… qui aura également un épilogue tout à fait dispensable ("The Lighthouse")…
La grosse décharge touche à sa fin… Interpol livre ici un 3ème récital d’affilé. Merci les Mecs ! A la prochaine, et revenez quand vous voulez !