The Bends
A Moon Shaped PoolRADIOHEAD
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Hail To The Thief
Rock Alternatif
Chronique publiée en Décembre 2023
« Hail To The Thief »... ou l'album qui m'a vraiment fait découvrir Radiohead... Super cadeau reçu d'un super pote... Et super découverte des natifs de l'Oxfordshire, indispensable même ! Avant ça, j'avais bien entendu quelques gros tubes sur les ondes radio... Mais je ne m'étais malheureusement pas intéressé au groupe en profondeur...
Il est intéressant de chroniquer « Hail To The Thief » rétrospectivement, en connaissant l'histoire du groupe. Car ici, on est vraiment à la croisée des chemins, avec de nombreuses références au passé mais aussi au futur !
Dans le passé, on vient du dyptique « Kid A » (véritablement merveilleux) et « Amnesiac » (plus spectroscopique). Et pour ce qui est de l'avenir, on est en route vers « In Rainbows », second grand chef d'oeuvre de Radiohead.
Au milieu, donc, se retrouve le très logique « Hail To The Thief »... Un disque intelligent, pas spectaculaire, mais à la construction très intéressante, aussi fouillée que diversifiée... Et présentant une synthèse des différents genres musicaux du groupe : certains morceaux Rock et d'autres plus électronisés. Le rendu final est super attrayant, aucun doute, mais on peut également signaler d'emblée qu'il est un poil trop hétérogène...
Pour aller sur le terrain du Rock... Tout commence avec "2+2=5"... Monumentale intro, dont l'électricité bruyamment naissante des premières secondes annonce clairement la couleur...
On est sur un morceau compact et fortement concentré : en son milieu jaillit la fougue, la rage, la furie qui se déchaine... armée d'une guitare qui balaye tout d'un feu incandescent... De quoi vous retourner en un éclair fulgurant, planter le titre du disque, et décamper vers la suite...
...Sauf qu'en fait, "2+2=5" n'est pas vraiment représentative de cet opus, lequel est beaucoup moins appuyé en général... Alors, voici la deuxième intro : "Sit Down. Stand Up.". Et là, on y est : motifs répétitifs, hypnotiques, plutôt Rock mais à consonnance cybernétique... Une structure qui marquera une bonne partie de ce recueil... Et des sons évoquant nettement certains passages de « Kid A » et d'« Amnesiac »...
Pour continuer les clins d'oeil, on peut voir "Sail To The Moon" comme une préparation de l'aventure "Nude" sur l'album « In Rainbows », tandis que "Where I End And You Begin" peut probablement être imaginé comme un lointain précurseur de "All I Need"... Mais bon... OK... J'arrête là avec mes clins d'oeil...
Ce qui est important, c'est que ces titres sont superbes... "Sail To The Moon", très pur, profite de la voix pénétrante de Thom Yorke, au milieu d'un émouvant développement créant une harmonie d'une rare authenticité...
De son côté, "Where I End And You Begin" bénéficie d'une fascinante ambiance, sombre, inquiétante, et d'un joli assemblage Rock teinté d'électronique...
Côté Electronique justement, "Backdrifts" ou "The Gloaming" progressent sur des rythmes faussement saccadés, fourmillant de constructions périphériques... Alors bon, ce n'est pas inoubliable, mais c'est vrai que c'est intelligemment réalisé...
Et on trouve décidément tous les styles ici... Allant même jusqu'à "We Suck Young Blood" et "I Will"... Volontairement très (trop ?) épurées... Ambiance... Mouais, un brin longuet quand même...
C'est alors que déboule "There There", la deuxième piste véritablement mémorable (après "2+2=5")... Un édifice d'anthologie, bâti autour d'une ligne de percussion entêtante sur laquelle viennent s'empiler par touches successives tous les instruments... avec l'ensemble qui encercle la voix de Yorke. Cette construction monte jusqu'à une phase somptueuse où tout trouve soudainement parfaitement sa place... La libération collective est alors grandiose, entre tremblement tellurique, énergie projetée, tension brisée et fusion terminale...
Mention spéciale pour le quatuor de fin du disque... "Scatterbrain" et surtout "A Punchup At A Wedding" sont de très belles chansons, aux accords justes, à la résonance séduisante...
"Mixomatosis" est un OVNI posé dans l'album... Morceau clivant que j'apprécie personnellement beaucoup... Fièvre malsaine, folie et bouillonnement maladif transpirent au sein de cette fission morbide et pesante... qui ne laissera pas vos tripes indemnes...
Enfin, "A Wolf At The Door" conclut brillamment le tout : on ressent parfaitement qu'on a enfin trouvé un épilogue clair et lumineux à ce très long album...
Finalement, oui... « Hail To The Thief » est un très beau disque... Très beau, mais aussi très varié. S'il s'écoute avec plaisir de bout en bout, il faut pourtant bien reconnaître qu'il a aussi un côté un peu fourre-tout, ne parvenant pas à proposer un rythme totalement cohérent sur la globalité. Il aurait gagné en intensité en réopérant une sélection interne, à mon avis.
L'enchainement des morceaux ne heurte pas non plus. On agrège ici tous les types d'inspiration d'un immense groupe, avec des compos très bien pensées... sans non plus tenir le disque du siècle, sauf sur deux flèches bien senties.
En fait, « Hail To The Thief », dans mon esprit, c'est élégant, c'est agréable, c'est réfléchi, on y revient avec plaisir... Ça mérite ses 4 étoiles sans problème... Mais... Sa configuration fouillis fait que c'est aussi un peu quand même cet album où on se souvient qu'on va tomber sur "2+2=5" et "There There"...
TRACK LIST
- 01. 2+2=5
- 02. Sit Down. Stand Up.
- 03. Sail to the Moon
- 04. Backdrifts
- 05. Go to Sleep
- 06. Where I End and You Begin
- 07. We Suck Young Blood
- 08. The Gloaming
- 09. There There
- 11. A Punchup at a Wedding
- 12. Myxomatosis
- 13. Scatterbrain
- 14. A Wolf at the Door