Lou REED

5 étoilesTransformer
5 étoilesBerlin
3,5 étoilesConey Island Baby
4,5 étoilesThe Blue Mask
4,5 étoilesNew York
4 étoilesSet The Twilight Reeling

Lou REED
-
Set The Twilight Reeling

4 étoiles
Lou REED - Set The Twilight Reeling

Art Rock

Chronique publiée en Octobre 2021


1996… Lou Reed n’a plus rien à prouver… Du Velvet Underground à ses débuts en solo, de l’anonymat à la gloire, d’albums d’anthologie en enregistrements plus discutables, il a, dans son style, un peu tout expérimenté et tout proposé…
On peut imaginer qu’il n’a aucune pression particulière. Son dernier disque, "Magic and Loss", date d’il y a 4 ans… Et puis, voilà qu’il sort "Set the Twilight Reeling"… qui est, à l’époque (et encore de nos jours), passé relativement inaperçu…
Il faut dire que la première écoute n’en jette pas forcément… Oui… Ça n’en jette pas forcément… Et pourtant… On a ici affaire à une belle petite cartouche bien sentie, une étincelle attrayante et discrète, d’un artiste qui mise plus que jamais sur sa complicité feutrée pour nous éclairer…

Après une petite intro "Egg Cream" pour nous montrer qu’on est bien avec Lou Reed, qu’il passe toujours par Brooklyn, qu’il s’en délecte, et que l’âme du bonhomme sera bien présente dans l’album, on arrive directement aux deux petites perles : "NYC Man" et "Finish Line".

"NYC Man"… Pour moi on est pile dans ce qui fait le charme de l’œuvre de Lou Reed, sur une partition fine et séduisante, avec un parler-chanter exactement dans le tempo... Non, ce n’est pas le chef d’œuvre ultime, mais c’est au contraire la chanson parfaitement maitrisée et aboutie de quelqu’un d’apaisé. On est baigné d’une atmosphère détendue, avec un son clair s’articulant autour d’une basse inspirée… Un enchainement donnant un immense plaisir simple, doublé d’un moment de paix et de plénitude…

Le thème de "Finish Line" est à l’opposé… Hommage à la mort de son comparse du Velvet Underground, Sterling Morrison, on y retrouve néanmoins tout le charme du compositeur qui nous livre un nouveau petit joyau… Ou comment quelques accords simples viennent se faire sublimer par l’absolue pertinence de deux ou trois notes de piano…

Le reste de l’album est à l’avenant ! On passe par "Trade In" et "Hang On To Your Emotions" avec bonheur… Tout est méticuleux, tout est en place… Les débuts des chansons sont très caractéristiques de Lou Reed et trouvent à chaque fois une très belle conclusion en fin de morceau.
"Adventurer" muscle un peu le jeu… Mais dans ce passage plus charpenté, on retrouve bien sûr les touches subtiles qui viennent rehausser la musique…
"Riptide", plus torturée, entre la création artistique et la possession, nous façonne une autre proposition accomplie bien que née dans le chaos…
En fait, c’est tout le disque qui s’élève avec ces impeccables constructions qui se succèdent et s’accordent les unes aux autres…

Archétype de la réussite sobre et communicative, "HookyWooky" nous réaffirme que Lou Reed est en état de grâce… Pour lui-même surtout… et nous, on en profite ! Ce thème autour de ses petites jalousies est un moyen de partager une piste une fois de plus magnifiée par de minis détails savamment distillés… et qui aboutissent à une conclusion fédératrice et contagieuse…

Captivante conclusion, "Set the Twilight Reeling" se déploie comme une synthèse de l’album, attachante et percutante. En proie à une profonde réflexion sur lui-même, l’immense artiste continue à se chercher, à coups de « Take me for what I am » et de « I accept the new found man »… Eh ben, continue comme ça mon gars, change rien…

Je ne le savais pas à l’époque car il continuait à nous bercer en nous donnant l’impression qu’il ne se s’arrêterait jamais… Mais ce disque sera finalement son dernier grand moment, et ce malgré quelques ultimes éclairs au sein des opus qui viendront par la suite (dont la phénoménale chanson "Who Am I? (Tripitena's Song)" dans le médiocre « The Raven »).
Pour moi, Set The Twilight Reeling est donc un peu son vrai testament… Avec cette impression d’être face à un pote en concert privé… et de prendre de plein fouet la fulgurance de la sérénité discrète mais recherchée… Sur un récital tellement épanoui et qui coule tellement de source, que ça donne envie de se précipiter pour tout découvrir, en imaginant que tous les albums de la terre atteignent ce niveau...
… Mais… Non… Tout n'est malheureusement pas aussi remarquable…

Rest in Peace Lou Reed…

TRACK LIST

  • 01. Egg Cream
  • 02. NYC Man
  • 03. Finish Line
  • 04. Trade In
  • 05. Hang On to Your Emotions
  • 06. Sex with Your Parents (Motherfucker), Part II
  • 07. HookyWooky
  • 08. The Proposition
  • 09. Adventurer
  • 10. Riptide
  • 11. Set the Twilight Reeling