Bruce SPRINGSTEEN

Born to Run

Darkness on the Edge of Town

Born in the U.S.A.

The Rising

Magic

Letter to You

Bruce SPRINGSTEEN
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Born to Run

Rock

Chronique publiée en Juin 2026

Son début de carrière avait commencé, à mon avis, par deux premières tentatives assez moyennes, mais la troisième sera finalement la bonne... ...et même Tellement Plus que ça !
Car Bruce Springsteen sort effectivement en 1975 son album de référence, « Born to Run », une véritable révélation qui lui vaudra dès lors une reconnaissance mondiale, invariablement confirmée jusqu'à aujourd'hui ! Et comme un bonheur n'arrive jamais seul, cette reconnaissance est évidemment partagée : le E Street Band, qui passe son temps à faire des étincelles, est également particulièrement mis à l'honneur, lui aussi !

...Et il fallait que cet immense chapitre commence par "Thunder Road"... où Springsteen s'est littéralement surpassé, dans ce qui demeure pour moi son tout meilleur morceau... Un titre qui bénéficie d'ailleurs d'innombrables éloges internationaux, en étant par exemple situé vers la centième place des « 500 plus grandes chansons de tous les temps » selon le magazine Rolling Stone, ou encore sensiblement à la même position dans le classement d'Acclaimed Music...
La structure du morceau est totalement originale et inhabituelle... On n'y distingue pas vraiment de couplet ni de refrain, mais plutôt une longue symphonie aux rythmes changeants, à l'orchestration fabuleuse et à la narration d'exception... Le tout donne un résultat singulier, lumineux et tout simplement magnifique...
Du début à l'harmonica et au piano, à la fin au saxo, le groupe parvient à créer un écrin nous rendant complètement hermétique au monde extérieur... On se consacre alors intégralement à cette piste, qui s'impose naturellement à tout l'espace environnant... Il s'en dégage un charme fou, tout en délicatesse mais en même temps rayonnant d'une énergie absolument débordante...
Quand la chanson prend véritablement son envol, c'est comme une consécration... Une consécration qui se reproduit à chaque écoute... sans jamais faiblir... sans jamais faillir... Toujours aussi imparable... Toujours aussi magistrale...

Springsteen réussit ensuite l'exploit de maintenir en permanence la tension installée, sans discontinuer... avec ce E Street Band qui n'en finit plus de relancer la machine, pour aboutir à un authentique chef d'œuvre collectif, d'une créativité, d'une sincérité et d'une classe étonnamment désarmante...
Bref... Un instant bouleversant de génie qui m'accompagnera pour toujours... Une de mes chansons préférées de tous les temps...

Juste pour enfoncer le clou, j'ajouterai que... Non ! Non, je n'en fais pas trop sur ce morceau...
...Par contre, retour à l'album... Et forcément, après un tel passage, difficile de tenir un niveau pareil sur la durée... Alors du coup, qu'est-ce qu'on y trouve d'autre, exactement, dans cet opus ?

La suite immédiate, "Tenth Avenue Freeze-Out", encaisse un recul qui fait presque mal au cœur... C'est la moins bonne piste du disque, vraiment très bateau : c'est exactement tout l'inverse de sa devancière... Un point faible qui m'empêche personnellement d'attribuer 5 étoiles à l'album.
Plus tard, dans un style différent et plus réussi, "Meeting Across the River" confirmera que non, je ne peux pas définitivement consacrer l'ensemble avec la note maximale. Qu'on soit clair : ils ne sont pas ratés, ces deux titres, et dans l'album ils trouvent effectivement bien leur place... Mais à eux deux (enfin, surtout le premier) ils provoquent pour moi un problème d'équilibre qui m'empêche d'être persuadé que je tiens dans les mains le disque ultime...

Passons alors aux morceaux les plus Springsteeniens : "Night", "Born to Run" et "She's the One". C'est assez simple : les trois sont au Top ! Le Boss est au sommet, il enchaine les scuds avec une détermination sans faille... et tous ces passages s'en retrouvent hyper rythmés, hyper efficaces et hyper contagieux...
Si "Night" est le plus concentré, "Born to Run" est resté le plus célèbre et c'est vrai que c'est lui le mieux construit, avec une capacité incontestable à nous élever vers les sommets ! L'alternance entre les variations de tempo et la voix déchainée du chanteur est un vrai petit modèle du genre ! D'ailleurs, et même si je ne partage pas, c'est "Born to Run" qu'on retrouve comme la piste la mieux placée de Springsteen dans les classements de meilleures chansons de Rolling Stone ou d'Acclaimed Music...
Enfin, "She's the One" est, quant à elle, légèrement en dessous. Bon, on tombe clairement là aussi sur du lourd de très haute qualité, aucun doute. Mais quelque part il lui manquerait le fameux petit truc en plus pour en changer pleinement la destinée...

Finalement... Il reste encore deux immenses titres à aborder : "Backstreets" et "Jungleland"... Chacun d'entre eux, en plus de "Thunder Road", ayant fondamentalement contribué à la renommée indiscutable de cet album...

Lorsque survient "Backstreets", je ne peux pour ma part m'empêcher d'entendre avec bonheur les prémices, 3 ans avant, de "Darkness on the Edge of Town" (C'est dire si je l'apprécie, cette piste !)... Springsteen propose ici un long développement, aussi varié que prenant, et finalement réellement grandiose....
On y retrouve l'élégance musicale parfaite, au service d'un chanteur qui possède l'impressionnante faculté de pousser sa voix au moment opportun, en répandant ainsi une puissance ultra communicative...
Clin d'œil perso plein d'émotions au Piano... Mais qu'est-ce que c'est beau... Roy Bittan fait une nouvelle fois la démonstration de son immense talent individuel, tout en s'intégrant à la perfection au sein de la bande...
Une passion débordante se dégage ici, tout au long du voyage... Le groupe est en fusion, en particulier sur la fin, et délivre un morceau d'un mordant spectaculaire, tout en affichant un évident raffinement...

Enfin, quelle plus belle conclusion que "Jungleland"... Epilogue pour l'éternité... Avec son introduction génialement annonciatrice, sa composition plus variée et son clavier toujours aussi déterminant... On sent le morceau passer dans une autre dimension lorsque Springsteen commence à se lâcher : tout l'auditoire est alors embarqué dans une embardée terriblement expansive et entrainante...
Et... Nichée au cœur du morceau, se trouve la merveille des merveilles... Le plus beau solo de saxo que je connaisse... Bon, j'y connais rien en Saxophone... C'est un instrument qui fonctionne parfaitement bien lorsqu'il est utilisé avec intelligence dans le Rock en général (Van Der Graaf Generator, Pink Floyd, Supertramp et tant d'autres...). Mais là, en tout cas... Quel Effet... Quelle Sensibilité... Quel Feeling transpire par l'intermédiaire de Clarence Clemons... C'est pas compliqué : c'est juste fabuleux... Les notes s'enchainent avec une simplicité, un naturel et une magnificence totale... Les instants tenus rajoutent encore une dose de splendeur... Le tout engendre un moment hors du temps avec un Sax rentré pour toujours dans la légende du Rock...
Franchement, on comprend que Springsteen aille s'appuyer sur Clemons sur la pochette du disque...

Alors que "Jungleland" s'achève pour de bon, le constat est limpide : « Born to Run », c'est sans conteste mon album coup de cœur de Springsteen... Oui... C'est celui-là en particulier qui possède l'étincelle magique capable de tout transcender... C'est aussi probablement celui-là qui occupe une place à part dans la mémoire des fans du Boss...
Et si « Born to Run », est mon album de cœur, alors « Darkness on the Edge of Town » est mon album de raison. « Darkness » est impossible à critiquer, c'est un disque magistral... Mais... Autant ne pas nier l'évidence : les créations les plus géniales de Springsteen restent pour moi l'apanage de « Born to Run »...

TRACK LIST

• 01. Thunder Road
• 02. Tenth Avenue Freeze-Out
• 03. Night
• 04. Backstreets
• 05. Born to Run
• 06. She's the One
• 07. Meeting across the River
• 08. Jungleland