Is This It
AnglesThe STROKES
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The New Abnormal
Rock
Chronique publiée en Mars 2024
Je conserve un souvenir parfaitement clair de ma première écoute de « The New Abnormal » : c'était... catastrophique... Une immense déception, inversement proportionnelle à mes attentes pourtant si pleines d'espoir...
Pour commencer, de nombreuses sonorités m'avaient immédiatement ramené un siècle en arrière, contre mon gré, en me laissant le sentiment d'écouter quelque chose d'inutilement vieillot.... Ensuite, le rythme était souvent trop lent et étrangement répétitif... Et enfin, le tout m'avait saturé d'une sensation de "Disco" repoussante, incompatible avec ce j'imaginais des Strokes...
Ça...... Pour une première écoute......
Du coup, forcément, l'histoire et surtout la trajectoire du groupe resurgissaient : deux premiers albums parfaits, puis deux autres très bons mais descendants en qualité, et finalement « The Comedown Machine » qui avait franchi la ligne rouge : là, je n'avais pas accroché malgré quelques bons moments...
Et donc... Une fois terminée cette première audition de « The New Abnormal », je me suis retrouvé hagard, levant les yeux au ciel, me demandant sérieusement si cet opus allait avoir le même funeste destin que son prédécesseur...
Mais Heureusement, Heureusement, les écoutes suivantes ont fini par le libérer, ce dernier album des Strokes... Mes oreilles se sont laissées progressivement apprivoiser. Car oui, ce phénomène étonnant s'est bel et bien (re)produit ! C'est aussi le gros avantage de retrouver un groupe qu'on estime : on se dit qu'on ne peut pas en rester là et que ça vaut nécessairement la peine d'insister...
Alors aujourd'hui, quand arrive "Brooklyn Bridge to Chorus", au lieu d'écouter un synthé préhistorique tout droit sorti d'un antique dance-floor d'adolescents, je sais qu'il se cache également derrière un morceau bien affirmé des New Yorkais, avec un Casablancas impeccable, et avec le groupe qui envoie derrière, tout en variant comme il faut...
L'entame du disque, "The Adults Are Talking" et "Selfless", a suivi exactement le même chemin ! De nos jours, au lieu d'imaginer une vieille boîte à rythme ou un son un peu foireux, j'écoute au contraire le début d'un grand disque... Sourire aux lèvres... Me délectant notamment des deuxièmes parties de morceau, où les guitares s'entremêlent et où le chanteur monte harmonieusement...
Et dans tous les cas, finalement, je dois bien reconnaître que je n'entends plus les défauts d'antan... Drôle de retournement de situation !
"Eternal Summer" et "At The Door" sont quant à elles honorables, mais emmènent surtout vers "Why Are Sundays So Depressing", plus réussie, plus louvoyante... toujours avec des bruitages étranges de prime abord, mais illustrant également la reprise en main maîtrisée et attrayante d'un groupe qui a fait l'audacieux pari de se renouveler...
Cerise sur le gâteau ? Vous voulez du Strokes pur jus ? "Bad Decisions" dynamite l'album, dans un super élan Revival des glorieux débuts du groupe ! Le bon vieux Rock à l'enregistrement volontairement un peu sal, Casablancas qui lâche les chevaux, les guitares qui s'enchevêtrent... et... Putain, ça fait du bien aussi, ça !
"Not The Same Anymore" est pour moi le deuxième très grand moment... Épatante synthèse d'hier et d'aujourd'hui... Finement construite, puissante, entraînante... Un vrai plaisir...
Enfin, "Ode To The Mets", à la gloire de la franchise de Baseball de New York, vient clôturer en délicatesse cet album pas comme les autres... Comme une combinaison de tout ce qui vient d'être dit jusqu'ici... Une conclusion élégante qui prend également soin de nous faire décoller sur la fin, et pas qu'un peu ! Après un tel épilogue, évidemment, ça nous démange instantanément de se repasser tout l'album en entier...
Voilà, « The New Abnormal», c'est ça... Un renouveau des Strokes puisé dans l'histoire des genres et du groupe... Un disque qui ne comporte pas de chanson véritablement énorme, mais plutôt un recueil abouti qui mérite vraiment qu'on s'y acclimate... Un album qui se compose de morceaux astucieusement répartis, qui laissent progressivement apparaître leur éclat, et qu'on adore polir et repolir sur la platine pour en augmenter toujours plus la brillance, (presque) jusqu'à l'éblouissement...
TRACK LIST
- 01. The Adults Are Talking
- 02. Selfless
- 03. Brooklyn Bridge to Chorus
- 04. Bad Decisions
- 05. Eternal Summer
- 06. At the Door
- 07. Why Are Sundays So Depressing
- 08. Not the Same Anymore
- 09. Ode to the Mets