VAN DER GRAAF GENERATOR

4 étoilesThe Least We Can Do Is Wave To Each Other
3,5 étoilesH to He, Who Am the Only One
3,5 étoilesPawn Hearts
4,5 étoilesGodbluff
5 étoilesStill Life
3 étoilesWorld Record

VAN DER GRAAF GENERATOR
-
World Record

3 étoiles
VAN DER GRAAF GENERATOR - World Record

Rock Progressif

Chronique publiée en Février 2025


Je l'aime bien, cet album de Van Der Graaf Generator... Oui... Je l'aime bien... C'est une certitude... C'est une évidence...
Ceci dit, sa sortie en 1976 coïncide avec la période la plus éclatante du groupe, celle où on trouve ses deux chefs d'œuvre... Alors forcément, on ne peut s'empêcher de comparer... et là, il est clair que « World Record » ne peut pas lutter : ses prédécesseurs immédiats sont largement au-dessus... Mais il n'en reste pas moins que cet opus reste très bon dans l'absolu...
En fait, si j'osais, par rapport à « Godbluff» ou « Still Life » dont on ne peut pas sortir indemne, je dirais que « World Record » est presque "consensuel" (s'il est possible d'employer un tel adjectif avec VDGG)... une consensualité relative, certes, car les oreilles non averties vont largement se redresser, mais tout de même, force est de constater que le côté mordant typique de la bande a ici tendance à s'émousser sensiblement.

Et ce bref descriptif d'introduction, c'est exactement ce qu'on retrouve sur les trois premiers titres... Tous les morceaux sont bons, mais on doit bien reconnaitre que le groupe impose à l'auditeur beaucoup moins de tension qu'à son habitude.
"When She Comes" et "A Place to Survive" commencent un peu négligemment, tous les deux, l'air de rien... mais bien vite, le Générateur se remet en marche... et Peter Hammill pousse sa voix caractéristique. Ce n'est pas pour rien qu'il est mondialement célèbre (ou devrait l'être) pour ses performances... Reste que, s'il y en a un qui s'illustre en particulier ici, c'est David Jackson. La puissance et la sensibilité de son saxophone font merveille, donnant une perspective aventureuse, chevaleresque et franchement attractive.
Les dernières parties de morceaux sont plus agressives, réussies et collectives. En particulier sur "A Place to Survive", qui prend plus le temps de développer sa dernière secousse.
On a donc VDGG qui fait du VDGG, c'est plaisant à l'écoute, mais incontestablement il manque aussi le fameux truc en plus, celui qui file le grand frisson...
Changement de style, mais conclusion identique avec "Masks". On bascule sur une jolie balade, avec l'orgue de Banton à la manœuvre. Le passage du milieu est clairement bien vu, entre séparation et réassemblage des musiciens, sans pour autant verser dans quelque chose de trop erratique. Enfin, beau final où Hammill paye notoirement de sa personne en balançant un appréciable moment de bravoure !

Le niveau monte d'un cran avec "Meurglys III, the Songwriter's Guild".
Petit aparté : "Meurglys", c'est le nom de l'épée de Ganelon dans 'La Chanson de Roland', et c'est également comme ça que Peter Hammill nommait ses guitares...
Alors ici, oui, sur ce très long mouvement de 21 min, on ressent bien mieux l'énergie de Van Der Graaf Generator. L'ambiance se fait prenante et les changements de rythme et variations apportent un plus immédiat : en clair, on se laisse volontiers embarquer ! Et on se prend quelques décharges grandiloquentes, dans le bon sens du terme : la scène est très marquée, fortement théâtrale et propice aux rebondissements épiques... La guitare Meurglys se lâche parfois en électrisant l'atmosphère... Le Générateur tourne rond, son hacheur carbure bel et bien, et la Jam est très communicative. Bon, on n'atteint toujours pas la surtension, mais on accompagne assurément le tout avec plaisir...
Les 7 dernières minutes de la session se parent d'un accent reggae un peu surprenant, un chouille longuet et souvent décrié, mais que j'ai personnellement appris à apprécier !

Seulement voilà... Tout ceci finit par déboucher sur "Wondering"... Et là... Là... On touche au génie : un titre totalement inattendu et singulièrement magnifique.
Dès l'intro, on se sent décoller... Entre la flûte de Jackson, la voix parfaitement placée d'Hammill, et l'orgue et les percussions des deux autres comparses : on se fait littéralement cueillir !
Van Der Graaf Generator délivre alors une prestation palpitante et passionnante, qui parvient sans cesse à continuellement poursuivre sa grandiose ascension... La piste est d'une construction suffisamment travaillée pour se répandre totalement et envelopper l'auditoire de sa somptueuse mélodie, tout en élévation... Tandis qu'on s'abandonne intégralement dans le morceau, avec ses étincelles qui n'en finissent plus, ses notes qui scintillent à l'infini et son envergure de cathédrale, il se dégage une harmonie absolue et irradiante, qui provoque une évasion irrésistible... C'est sans conteste la Merveille de ce recueil !

Alors... Oui... Oui, décidément, je l'aime bien cet album... C'est vrai qu'il est très loin de l'exceptionnel niveau de « Godbluff », l'écorcheur à vif, ou de « Still Life », l'extraordinaire mariage entre le génie mélodique et la folie débridée... Mais ce « World Record » reste une proposition intéressante où le groupe déroule d'agréables passages, sans fausse note, en nous gratifiant même finalement d'une conclusion sublime...
Si vous voulez prendre une dose de Van Der Graaf Generator en vous éloignant de leurs meilleurs opus, vous pouvez sans problème emprunter la route de ce disque peu connu mais qui cache cependant fort bien son jeu...

TRACK LIST

  • 01. When She Comes
  • 02. A Place to Survive
  • 03. Masks
  • 04. Meurglys III, The Songwriter's Guild
  • 05. Wondering