PINK FLOYD

3,5 étoilesA Saucerful Of Secrets
3,5 étoilesAtom Heart Mother
4,5 étoilesMeddle
3 étoilesObscured by Clouds
5 étoilesThe Dark Side Of The Moon
5 étoilesWish You Were Here
5 étoilesAnimals
4,5 étoilesThe Wall
3 étoilesThe Final Cut
4 étoilesA Momentary Laps Of Reason
4 étoilesThe Division Bell
3,5 étoilesThe Endless River

PINK FLOYD
-
Atom Heart Mother

3,5 étoiles
PINK FLOYD - Atom Heart Mother

Rock Progressif

Chronique publiée en Juin 2024


« Atom Heart Mother » marque à mon avis le tournant décisif de la carrière de Pink Floyd, et ce pour deux raisons principales :
- Le groupe prend ici clairement le chemin d'un Rock plus Progressif que Psychédélique. Autant le Psychédélique aura fortement marqué leur début de parcours sous l'influence de Syd Barrett, autant le Progressif sera désormais leur terrain de jeu favori...
- Ce cinquième album est le premier à offrir cette géniale créativité... visionnaire, atypique et mélodique, qui a cette capacité unique à engendrer le prodigieux...
Et en effet, quand je regarde leur carrière avant ce disque, je vois bien sûr d'excellentes choses, mais pas encore d'oeuvre véritablement majeure... Alors qu' « Atom Heart Mother » , même avec ses imperfections, montre un groupe qui s'apprête à décoller (plus tard vers la lune et son côté obscur) et à écrire les pages les plus mémorables de l'histoire de la Musique...

Tout commence avec la pièce maîtresse, le symbole du disque... La piste éponyme... Un morceau très long de presque 24 minutes, remplissant la première face du vinyle à l'époque de sa sortie... Mais aussi un morceau accompagné d'un nom et d'un visuel singulier : Waters a l'idée du titre en lisant un journal parlant d'une femme utilisant un pacemaker au plutonium. Et pour le visuel, ben, c'est cette fameuse vache de trois quart arrière, qui illustre l'ensemble de l'album mais qu'inconsciemment on associe à cette piste-là en particulier...
C'est aussi la première fois que Pink Floyd joue avec un orchestre et cette association va donner un assemblage génialement déjanté...
L'ouverture introduit les instruments à vent, qui joueront un rôle majeur tout du long. L'ambitieux thème principal est rapidement dévoilé, avec son côté épique immédiat... Un son très prenant, d'entrée de jeu, un peu grandiloquent mais franchement addictif...
Après un petit instant d'accalmie, on se retrouve embarqué dans une embardée de cuivre débouchant sur un solo de violoncelle qui apporte une touche de majesté... avant qu'apparaisse finalement la guitare de Gilmour, décorée de ses notes sensibles posées avec la classe habituelle...
Les choeurs arrivent à leur tour, sur nappe d'orgue, pour ajouter une dimension mystique d'aigus très purs, à la beauté fragile... et une jonction s'opère avec des voix plus graves pour une reprise homérique de l'ensemble...
Après un passage en jam blues funky, l'idée principale reprend le dessus puis se dirige vers une partie centrée sur le bruit. Ceci permettra d'aborder la conclusion sous forme de résurrection ("Echoes" fera pareil plus tard), avec le lancement mythique de Mason : "Silence in the Studio !"... On condense alors le thème principal, la folie passagère et l'accalmie pour finir en apothéose, tout en gardant la tonalité avant gardiste, presque pompeuse mais qui nous absorbe littéralement... Oui... Difficile à ce moment-là de ne pas se sentir submergé par le morceau...

Une entrée en matière... redoutable... Et pourtant, l'album recèle encore de nombreux moments attrayants, à commencer par sa section Folk avec "If", de Waters, et "Fat Old Sun", de Gilmour. Une chanson chacun... Il faut croire qu'ils arrivaient à ménager les susceptibilités à l'époque... Quoi qu'il en soit, on a ici d'agréables instants, totalement différents de l'entame du disque et qui, sans être indispensables, offrent malgré tout une perspective sympa...
Reste que celui qui tire son épingle du jeu, en fin de compte, c'est Wright, avec "Summer '68". C'est un peu le petit frère de "Atom Heart Mother", en moins ronflant... Les cuivres sont de retour en forme de chevauchée fantastique, accompagnés de supers arrangements pour un résultat séduisant et réussi...

Enfin, "Alan's Psychedelic Breakfast" termine cet opus avec, comme son nom l'indique, la touche psychédélique nécessaire pour assurer une transition en douceur... Le tout sur un sujet de petit déjeuner d'un roadie en trois parties, avec des bruitages incorporés dont l'intérêt réel laisse quand même plus que dubitatif... Mais bref... Une intro plutôt agréable, un milieu teinté de la touche de Gilmour, et surtout quatre dernières minutes très inspirées, heureusement, pour quitter l'album sur une bonne note définitive...

De manière surprenante, Gilmour et Waters indiqueront plus tard ne pas apprécier ce disque... C'est sûr qu'il a un côté un peu spécial, mais de là à renier le travail ou l'étape qu'il représente... Enfin bon...
De mon côté, en tout cas, il produit encore clairement son petit effet lorsqu'il recroise ma route. Il n'est pas parfait, non, mais il a quand même cette faculté rare de provoquer la dépendance lors de l'écoute : une fois lancé, il est évident qu'on ne l'arrête pas... Et je ne peux que vous inviter à reprendre une dose de cet album à la croisée des chemins... ..."Silence in the Studio !"...

TRACK LIST

  • 01. Atom Heart Mother
  • 02. If
  • 03. Summer '68
  • 04. Fat Old Sun
  • 05. Alan's Psychedelic Breakfast